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Loué sois-tu, Lettre encyclique Laudato Si' sur la sauvegarde de la maison commune, Pape François

11 Juillet 2020 , Rédigé par Josée Publié dans #Essais

   Voici un ouvrage surprenant et explosif, éminemment politique et sans compromis. Une exhortation à agir et vite !

   La lettre encyclique de 2015 Laudato Si' dresse un état des lieux réaliste de notre situation environnementale et sociétale, sujets intimement liés. "Il n'y a pas deux crises séparées, l'une environnementale et l'autre sociétale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature".

   L'humanité est arrivée ou a certainement dépassé le point de non retour.  Le Pape François nous engage donc tous - croyants et non-croyants - non seulement à prendre soin de notre planète individuellement mais encore à nous unir pour mettre en place des actions citoyennes collectivement. Le Pape est extrêmement impliqué dans la sauvegarde de la maison commune et ce n'est certainement pas un hasard s'il a choisi de se prénommer François comme le Saint homonyme.

   Le Pape François exhorte ainsi les pouvoirs en place à faire preuve de courage et de détermination, à oublier les considérations court termistes électoralistes et à leur préférer des solutions véritablement durables pour les peuples et la nature. "Le drame de l'"immédiateté" politique soutenue aussi par des populations consuméristes, conduit à la nécessité de produire de la croissance à court terme. Répondant à des intérêts électoraux, les gouvernements ne prennent pas facilement le risque de mécontenter la population avec des mesures qui peuvent affecter le niveau de consommation ou mettre en péril des investissements étrangers. La myopie de la logique du pouvoir ralentit l'intégration de l'agenda environnemental aux vues larges, dans l'agenda public des gouvernements. On oublie ainsi [...] que nous sommes toujours plus féconds quand nous nous préoccupons plus d'élaborer des processus que de nous emparer des espaces de pouvoir. La grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on oeuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme. [...] Etant donné que le droit se montre parfois insuffisant en raison de la corruption, il faut que la décision politique soit incitée par la pression de la population. La société, à travers des organismes non gouvernementaux et des associations intermédiaires, doit obliger les gouvernements à développer des normes, des procédures et des contrôles plus rigoureux. Si les citoyens ne contrôlent pas le pouvoir politique - national, régional et municipal - un contrôle des dommages sur l'environnement n'est pas possible non plus. [...] sans la pression de la population et des institutions, il y aura toujours de la résistance à intervenir, plus encore quand il y aura des urgences à affronter. Qu'un homme politique assume ces responsabilités avec les coûts que cela implique, ne répond pas à la logique d'efficacité et d'immédiateté de l'économie ni à celle de la politique actuelle ; mais s'il ose le faire, cela le conduira à reconnaître la dignité que Dieu lui a donnée comme homme, et il laissera dans l'histoire un témoignage de généreuse responsabilité. Il faut accorder une place prépondérante à une saine politique, capable de réformer les institutions, de les coordonner et de les doter de meilleures pratiques qui permettent de vaincre les pressions et les inerties vicieuses. Cependant, il faut ajouter que les meilleurs mécanismes finissent par succomber quand manquent les grandes finalités, les valeurs, une compréhension humaniste et riche de sens, qui donnent à chaque société une orientation riche et généreuse."

   Ce livre est à lire et à relire. Je pourrais le résumer, mais je préfère vous laisser la chance de le découvrir. Pour ceux qui n'en n'aurons pas tout de suite l'occasion voici quelques extraits, nombreux et ils auraient pû l'être plus encore tant est dense l'encyclique Laudato Si'

    "La Charte de la Terre nous invitait tous à tourner le dos à une étape d'autodestruction et à prendre un nouveau départ, mais nous n'avons pas encore développé une conscience universelle qui le rende possible. Voilà pourquoi j'ose proposer de nouveau ce beau défi "[...] Faisons en sorte que notre époque soit reconnue dans l'histoire comme celle de l'éveil d'une nouvelle forme d'hommage à la vie, d'une ferme résolution d'atteindre la durabilité, de l'accélération de la lutte pour la justice et la paix et de l'heureuse célébration de la vie."

   "Si nous nous approchons de la nature et de l'environnement sans cette ouverture à l'étonnement et à l'émerveillement,  si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément."

   "Il devient indispensable de créer un système normatif qui implique des limites infranchissables et assure la protection des écosystèmes, avant que les nouvelles forme de pouvoir dérivées du paradigme technico-économique ne finissent par raser non seulement la politique mais aussi la liberté et la justice.  La faiblesse de la réaction internationale est frappante. La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèlent dans l'échec des Sommets mondiaux sur l'environnement. Il y a trop d'intérêts particuliers, et très facilement l'intérêt économique arrive à prévaloir sur le bien commun et à manipuler l'information pour ne pas voir affectés ses projets. [...] Pendant ce temps, les pouvoirs économiques continuent de justifier le système mondial actuel, où priment une spéculation et une recherche du revenu financier qui tendent à ignorer tout contexte, de même que les effets sur la dignité humaine et sur l'environnement. [...] Beaucoup diront qu'ils n'ont pas conscience de réaliser des actions immorales parce que la distraction constante nous ôte le courage de nous rendre compte de la réalité d'un monde limité et fini. Voilà pourquoi aujourd'hui "tout ce qui est fragile, comme l'environnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisés, transformés en règle absolue.""

   "aujourd'hui nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu'une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l'environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. [...] nous savons que l'on gaspille approximativement un tiers des aliments qui sont produits, et "que lorsqu'on jette de la nourriture, c'est comme si l'on volait la nourriture à la table du pauvre." "Nous ne nous rendons plus compte que certains croupissent dans une misère dégradante, sans réelle possibilité d'en sortir, alors que d'autres ne savent même pas quoi faire de ce qu'ils possèdent, font étalage avec vanité d'une soi-disant supériorité, et laissent derrière eux un niveau de gaspillage qu'il serait impossible de généraliser sans anéantir la planète. Nous continuons à admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme s'ils étaient nés avec de plus grands droits."

    "La vision qui consolide l'arbitraire du plus fort a favorisé d'immenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de l'humanité, parce que les ressources finissent par appartenir au premier qui arrive, ou qui a le plus de pouvoir : le gagnant emporte tout." [...]"L'homme moderne n'a pas reçu l'éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir", parce que l'immense progrès technologique n'a pas été accompagné d'un développement de l'être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience.[...] De fait, la technique a un penchant pour tout englober dans sa logique de fer, et l'homme qui possède la technique "sait que, en dernière analyse, ce qui est en jeu dans la technique, ce n'est ni l'utilité, ni le bien-être, mais la domination, une domination au sens le plus extrême du terme.[...] La capcité de décision, la liberté la plus authentique et l'espace pour une créativité alternative des individus, sont réduits. Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur l'économie et la politique. L'économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d'éventuelles conséquences négatives pour l'être humain. Les finances étouffent l'économie réelle. Les leçons de la crise financière n'ont pas été retenues, et on prend en compte les leçons de la détérioration de l'environnement avec beaucoup de lenteur. "

   "Les jeunes ont une nouvelle sensibilité écologique et un esprit généreux, et certains d'entre eux luttent admirablement pour la défense de l'environnement ; mais ils ont grandi dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d'autres habitudes. C'est pourquoi nous sommes devant un défi éducatif. L'éducation environnementale a progressivement élargi le champ de ses objectifs. Si au commencement elle été très axée sur l'information scientifique ainsi que sur la sensibilisation et la prévention des risques environnementaux, à présent cette éducation tend à inclure une critique des "mythes" de la modernité (individualisme, progrès indéfini, concurrence, consumérisme, marché sans règles), fondés sur la raison instrumentale." 

   "L'harmonie entre le Créateur, l'humanité et l'ensemble de la création a été détruite par le fait d'avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. Ce fait a dénaturé aussi la mission  de "soumettre" la terre, de "la cultiver et la garder". Comme résultat, la relation, harmonieuse à l'origine entre l'être humain et la nature, est devenue conflictuelle. [...] Il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte, avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir qu'ils nous invitent à "cultiver et garder" le jardin du monde. Alors que "cultiver" signifie labourer, défricher ou travailler, "garder" signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l'être humain et la nature. [...] Si nous reconnaissons la valeur et la fragilité de la nature, et en même temps les capacités que le Créateur nous a octroyées, cela nous permet d'en finir aujourd'hui avec le mythe moderne du progrès matériel sans limite. Un monde fragile, avec un être humain à qui Dieu en confie le soin, interpelle notre intelligence pour reconnaître comment nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir. [...] La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C'est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie nous offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d'éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs. [...] Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde, que cela vaut la peine d'être bon et honnête. Depuis trop longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation morale, en nous moquant que l'éthique, de la bonté, de la foi, de l'honnêteté. L'heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi. cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l'émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, en empêche le développement d'une vraie culture de protection de l'environnement." 

Et pour d'autres enseignements du Pape François : 

 

http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2020/08/sans-jesus-nous-ne-pouvons-rien-faire-etre-missionnaire-aujourd-hui-dans-le-monde-pape-francois.html

http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2020/04/c-est-tous-les-jours-noel-pape-francois.html

http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2020/12/francois-le-pape-des-pauvres-andrea-tornielli.html

http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2021/04/qui-suis-je-pour-juger-pape-francois.html

http://partageonsnoslectures.over-blog.com/2021/08/les-7-dons-de-l-esprit-saint-pape-francois.html

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